15 Novembre 2018
Y’a pas longtemps j’ai posté sur la page facebook un extrait d’un de mes cours de master. C’était :
Le point d'interrogation couvre la totalité du karma de l'homme. L'escargot glisse en vidant le cerveau dans la chute silencieuse du sang. Ce crépuscule un point de réclamation précipitée, le clou qui énonce le cercueil, la voie de la réponse.
Je vous avoue que ça m’a fait marrer de retomber sur ça, tellement ça incarne parfaitement le caractère abstrait de mon master ! Et vue qu’on me demande très souvent ce que j’ai fait comme études supérieures, je me suis dit que je ferais un article un peu plus complet sur mon parcours académique.
Attention, c'est juste mon expérience, en aucun cas je vais vous dire que j'ai un parcours exemplaire, ou ce qu'il faut faire/ne pas faire. Loin de là. Je vais juste me contenter de vous parler de ce que j'ai fait, et ce que j'en pense aujourd'hui avec un peu de recul (et je pense que ce que je dis doit probablement s'adapter à de nombreuses formations de ce type). Aussi, il faut prendre en compte que j'ai été diplômée en 2012. Il y a peut-être des choses qui ont changé depuis, mais ça n'en reste pas moins mon expérience à moi, et, qui sait, peut-être que ça vous sera utile !
J'ai fait ce qu'on appelle des "études de la Chine" (China studies), et j'ai orienté toutes mes études autour du monde chinois. J'ai d'abord commencé le chinois à mon entrée au lycée, en seconde. Après mon bac (L, option chinois LV3 et anglais renforcé), je suis partie, sans hésitation aucune, en licence LEA anglais-chinois (Langues Etrangères Appliquées, LEA) à l’université d’Artois, une petite fac dans ma ville natale du Nord. J'ai fait LEA car je ne voulais pas me fermer trop de portes, et je voulais un truc plutôt pluridisciplinaire, par opposition à une licence LCE (Langues et Civilisations Etrangères) qui est plus tournée vers la recherche. La licence m’a beaucoup plu, et surtout, j’ai eu l’occasion de partir étudier 1 an à l’Université de Nanjing en Chine. Cette année a véritablement confirmé ma passion pour ce pays, et tout naturellement, ça m’a donné envie de continuer là-dedans. Par contre, chercher une orientation post-licence ça a été un peu la prise de tête.
Après de longues hésitations, je me suis inscrite en Master Asie à Lille 3, et c'est de ce master en particulier que je vais parler dans cet article. L’intitulé c’est Relations Interculturelles et Coopération Internationale Asie. Il y a en fait plusieurs choix d’aires géographiques pour ce master : Asie Pacifique, Afrique et Monde Arabe, Amérique Latine ou encore Monde Francophone. Evidemment, puisque je voulais continuer à me spécialiser sur la Chine, j'ai choisi le parcours Asie. D'ailleurs, sachez que mon copain a le même parcours que moi, mais lui est spécialisé Japon ! Il a une licence de japonais et a fait une partie de ses études au Japon. On s'est rencontré en master Asie ! Bref, en tous cas, sur le papier, ce master c’était exactement ce que je voulais faire !
Voici les objectifs de la formation
J’ai toujours su ce que je voulais étudier, mais je dois avouer que je n’ai jamais su en détails ce que je voulais faire exactement de ma vie. Mais j’en avais une vague idée. Enfin, je savais surtout ce que je ne voulais pas faire. Je n’ai jamais voulu faire de commerce, ni de la recherche, ni partir dans l’enseignement, et pas non plus envie de faire de la traduction.
Moi ce que je voulais, c'était une expertise Asie, et plus particulièrement Chine, et ce qui m’intéressait, c'était les relations internationales, la coopération, la culture, la gestion de projet et le management interculturel. C'est tout ça qui m’a fait choisir ce master. Du coup, dans l'idée, je me retrouvais dans les débouchés cités sur la brochure :
Secteurs d’activités :
Métiers :
Un des points positifs de ce genre de formation, c’est bien évidemment les possibilités d’expériences à l’étranger.
Je devais partir en échange à Taiwan en L2 normalement, mais finalement je suis partie à l'Université de Nanjing en L3, grâce à l'Institut Confucius. Comme je le dis souvent, cette année m’a énormément apportée. J’ai appris beaucoup sur la Chine, la langue chinoise, la culture, mais aussi sur moi-même. Je pense que ça m'a donné le goût de partir aussi.
En Master, c’est les opportunités de stage qui se présentent. Je pense que c'est ultra important d’utiliser les stages pour non seulement se spécialiser d’avantage, mais aussi compléter avec des expériences sur le terrain. En M1 je suis partie 3 mois au Vietnam, j’étais prof dans une université. Je n’ai jamais vraiment voulu finir dans l’enseignement, pour être honnête j'ai surtout sauté sur l'occasion de passer 3 mois au Vietnam, mais franchement c’était une belle expérience. Ça s’est super bien passé au niveau pro, j’ai eu l’occasion de découvrir un autre pays, et j’ai beaucoup voyagé. Bref, c’était que du positif.
En M2, je suis repartie en Chine, 6 mois à Qingdao. J’étais rédactrice pour un site web qui présente et promeut la culture chinoise. Pour moi c’était le stage rêvé, je suis payée à écrire des articles sur la Chine et faire des reportages. Bon au final c’était assez chiant, ça m'ennuyait de passer mes journées à traduire et écrire des articles comme ça. C'était intéressant, je ne dis pas le contraire, mais y’avait pas vraiment de valeur ajoutée. A part ça, c’était cool d'avoir une nouvelle expérience en Chine, et c'est cette expérience qui m'a donné envie d'avoir mon blog à moi (ce qui visiblement m'éclate toujours aujourd'hui).
L'avantage de ce type de formation, outre les expériences à l'étranger, c’est que le curriculum est vachement diversifié : management interculturel, aide au développement, géopolitique, économie, coopération multilatérale, relations internationales, langues et cultures asiatiques... Y’a moyen de découvrir plein de choses et plein de thématiques différentes !
Par contre, c'est aussi un gros point négatif, c'est trop diversifié. C’est l’inconvénient de ce genre de formation, c’est « touche à tout », mais touche à rien à la fois. Et puis, l’Asie ou la Chine, c'est cool, mais c’est pas un métier en soi. Certes, on étudie les courants de pensée asiatiques en long, en large et en travers, et c’est intéressant. Mais bon, trouver un boulot avec ça après, c’est autre chose.
Autre point négatif, l'enseignement des langues est vraiment mis de côté en master. L'anglais ça va, mais pour les langues asiatiques, c'était catastrophique je trouve. Déjà, tous ceux qui, à la base, ont fait japonais ou coréen ont dû se mettre au chinois, qu'ils le veuillent ou non. Y'avait pas de cours de japonais ou de coréen dans le master. Bon, après il y'a d'autres moyens de se diversifier ou se spécialiser en parallèle. Par exemple, j'ai fait un DUFL de japonais (Diplôme Universitaire de Formation en Langues) à côté de mon master. Je ne suis pas allée jusqu'au bout parce que je suis partie en stage en Chine, mais ça reste possible dans l'idée. Mais c'est quand même dommage pour les gens qui, en master, souhaitent développer une autre expertise géographique que la Chine. En encore, même pour ce qui est des cours de chinois, c'était pas terrible. Le niveau était beaucoup plus élevé en licence qu'en master. Il y avait beaucoup trop de débutants en master, et c'est à force de taper des pieds et des mains que nous avons fini par avoir des cours de chinois avancé. Bref, au lieu de nous donner des cours de vietnamien en dernière année, ils auraient dû plutôt mettre l'accent sur les langues qu'on avait déjà étudié avant, mais c'est que mon avis encore une fois. De plus, il n'y a aucune continuité. J'ai étudié le chinois de ma première année de lycée jusqu'à ma dernière année de master, et, en 8 ans, j'ai dû recommencer plusieurs fois en niveau débutant, et ça pour moi, c'est le problème majeur dans l'enseignement du chinois en France.
J'ai fait les études que j'ai voulu faire. Quitte à faire des études supérieures, autant faire un truc qui nous plaît ! Mais j'ai pas vraiment pensé à l'après quand j'étais étudiante, j'ai juste pensé à ce que j'avais envie d'étudier sur le moment. Honnêtement, quand je suis sortie de l’école, 23 ans, un bac+5, pas d'expérience professionnelle et un gros manque de confiance en moi, ça a été très compliqué et très frustrant. Je me revois à Pôle Emploi : "Bonjour j’ai un master Asie, qu’est-ce que je peux faire avec ça ?"
En étant un peu plus pragmatique aujourd'hui, je me dis qu'on a peut-être une formation spécialisée dans une aire géographique, mais c'est très abstrait. Concrètement, on fait un peu de tout, mais on n’est formés à rien du tout, et c'est vraiment pas évident à valoriser sur le marché de l'emploi. Il y a aussi peu de support, de réseau, et d'outils pour permettre aux étudiants de se spécialiser et de trouver une voie professionnelle.
Au final, je dirais que si vous voulez faire quelque chose de spécifique, spécialisez-vous dès que possible. Si c'est pour faire du commerce par exemple, autant partir en commerce directement, si c'est pour faire du marketing ou de la traduction, autant partir en marketing ou en traduction. Y'a des masters qui sont plus spécialisés dans quelque chose de concret, genre commerce, import/export, ou négociations internationales, et puis, au pire, y'a toujours moyen de prendre des options ou des langues à côté.
Si votre but c'est l'étude de l'Asie ou la Chine en général, alors ce genre de master est fait pour vous. Mais si j'ai un conseil à vous apporter, spécialisez-vous à fond et ne lâchez rien ! Le master que j'ai fait se dit professionnalisant, par opposition à un master recherche, mais c'est simplement un outil, une ligne sur votre cv qui dira que vous avez suivi une formation spécialisée. Il vous apporte une légitimité, des connaissances théoriques, mais c'est à vous de les étoffer. Il faut vraiment se spécialiser soi-même, en plus, à côté, pour finir quelque part là dedans et prétendre être expert comme c'est dit sur la brochure. Un master ce n'est pas suffisant, il faut vraiment, selon moi encore une fois, se spécialiser d'avantage à travers les stages, des options, des expériences à l'étranger, des expériences pro, des diplômes supplémentaires en langues (comme le HSK par exemple), et tout ce que vous allez pouvoir apprendre et entreprendre à côté par vous-même.
Pour ma part, je ne regrette pas du tout ce que j'ai fait. Et si c'était à refaire, je referais exactement la même chose, parce que ça m'a plu et ça me correspond vraiment. Je ne vois pas ce qui m'aurait intéressé d'avantage de toute façon !
Pour ceux qui me demandent dans quoi je bosse, je travaille dans les relations internationales et la coopération internationale, dans le secteur de l'éducation supérieure, et je suis spécialiste Chine.
Après mes études, j'ai travaillé en France en tant que chargée de projets dans les programmes de mobilité internationale (comme Erasmus+ entre autres), ensuite j'ai été chargée d'affaires internationales et manager admissions pour une branche de l'université de Pékin en Chine, puis j'ai été chargée de relations internationales et recrutement Chine et Asie de l'Est au Royaume Uni. Je suis actuellement chargée de coopération transnationale pour un institut sino-britannique. Par la suite je ne sais pas trop ce que j'ai envie de faire, mais pour l'instant c'est un secteur qui me plaît assez, alors on verra !
Si vous voulez en savoir plus sur l'examen HSK en particulier, je vous invite à lire mes articles sur le sujet, l'examen, ma préparation pour le HSK 5, mes conseils pour le HSK5, et ma préparation pour le HSK6.
Voilà, j'espère que cet article vous a été utile. Et vous, vous faites ou avez fait quoi comme études ? Vous êtes intéressés par l'idée de faire des études spécialisées Asie ? Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me les poser, j'y répondrais avec plaisir.