17 Mars 2017
Voilà ce que j'ai préféré de tout notre voyage au Japon: le onsen. C'est la version japonaise des sources thermales.
J'adore les sources d'eau chaude, j'avais déjà testé en Chine, au Vietnam et au Japon, mais là, on avait envie d'en profiter un max, et de s'offrir une nuit dans un superbe ryokan. Sur les conseils de notre cher ami Axel, qui vit au Japon, on a opté pour le "Takaragawa Onsen Onsekaku". Avant de réserver, on a lu des dizaines et des dizaines d'avis sur le net, et tous promettent un endroit exceptionnel. Honnêtement, je suis plus que d'accord, c'était une expérience inoubliable, et je ne peux que recommander cet endroit à tous ceux souhaitant tester l'expérience onsen dans un cadre absolument magnifique. Pour la première fois, je vais donc écrire une review sur un "hôtel".
Je m'excuse d'avance pour la quantité de photos que je vais poster dans ce article, mais c'était tellement beau que c'est difficile de faire un choix. J'espère que la page ne mettra pas 1000 ans à charger.
Takaragawa onsen, est donc un ryokan (une auberge traditionnelle japonaise), disposant de sources d'eau chaude naturelles (onsen) privatives. Un onsen est un bain thermal japonais. Il s'agit de bains chauds, généralement communs, intérieurs ou extérieurs. En extérieur, ils sont appelés rotenburo, et l'eau, géothermale, est issue de sources volcaniques réputées pour leurs propriétés thérapeutiques. Au Japon, on considère depuis toujours que les bains guérissent le corps et l'esprit. En effet, les japonais viennent s'y détendre et trouver une certaine sérénité, mais ils viennent aussi dans le cadre de thérapies, afin de soigner de nombreuses maladies.
Ce ryokan se situe près de Minakami, à environ 2h de Tokyo, dans la préfecture de Gunma, dans les montagnes et au bord de la rivière Takaragawa, d'où le nom de l'auberge.
Nous avons pris un train de Tokyo à Jomo Kogen. Le voyage était assez sympathique, je mangeais mon petit-déjeuner, et j'étais accompagnée par le Mont-Fuji, juste à ma gauche. Il m'en faut peu pour être heureuse, un voyage en train avec une jolie vue et un gâteau au chocolat en forme de poisson, et c'est bon je suis au top de ma forme.
Y'a un truc qui m'a surpris. Et je ne parle même pas de la propreté des trains japonais ou du prix exorbitant du billet. Dès qu'on a passé une montagne, on s'est retrouvés avec 1m de neige! Entre le Mont Fuji et la neige qui est tout d'un coup apparue dans le paysage, je ne faisais que m'extasier. Mes Oh! et mes Ah! faisait bien rire la japonaise à côté de moi, qui a fini par gentiment me laisser sa place pour que je puisse me coller à la vitre et mieux admirer le paysage. Ou alors je la soûlais trop, et la bienséance japonaise lui interdisait de me faire taire de façon plus brutale. Vas savoir.
Bref, arrivés à Jomo Kogen, nous avons pris un bus direction Minakami. Là, nous étions censés prendre un autre bus, mais au point informations, la dame nous a finalement dit qu'elle pouvait appeler l'hôtel pour nous et leur demander de nous envoyer une navette, qui a 15h, nous amènerait directement au ryokan. Cool, c'est gratuit, et on avait donc un peu de temps pour admirer la neige, se réchauffer et déguster une bonne soupe de nouilles et tempuras dans un petit restau familial très accueillant en face de la gare. On est finalement arrivés au ryokan vers 16h.
J'ai eu un énorme coup de cœur pour cet endroit, perdu dans les montagnes et la forêt. On se sent vraiment en pleine nature, rien que les environs et le paysage valent le déplacement.
Pour ce qui est de l'auberge en soit, c'est un bâtiment magnifique. Enfin de l'extérieur c'est joli, mais ça ressemble à un énorme chalet, de type japonais. A l'intérieur, par contre, c'est vraiment la classe. Tout est sobre, raffiné. On se retrouve dans un Japon zen, serein, traditionnel. Moi qui voulais du calme, j'ai été servie.
Il y a 3 bâtiments différents, le bâtiment principal, en bois et avec 3 étages, l'annexe, en bois également et avec deux étages, et le bâtiment est, lui, a 5 étages. L'hôtel dispose d'une quarantaine de suites, et il est toujours plein. Mais c'est suffisant spacieux pour permettre de ne croiser personne, ce qui est un gros plus. Par ailleurs, en plus d'être beau, tout est propre, nickel. Rien à dire.
Le bâtiment principal date de 1955, et par la suite, d'autres bâtiments et annexes ont été construits. Par contre on ne sait pas trop depuis quand ses bains sont utilisés en tant que tel, mais ils l'étaient bien avant la construction de l'hôtel. Pour le folklore, on dit que le héros Yamato Takeru, dans sa conquête vers l'est, tomba malade, et, il est tombé sur ces sources d'eau chaude. Il s'est baigné dedans et guérit de sa maladie. En effet, les sources d'eau chaude volcanique sont réputées pour être très bénéfique pour la santé.
Il me semble qu'on avait une chambre dans le bâtiment Est. On a réservé une suite avec salle de bain privative, toutes ne l'ont pas.
On avait donc une salle principale, avec une petite "véranda", une vue sympa sur le paysage enneigé, un patio, des toilettes et une salle de bain. Ce qui frappe, à première vue, c'est le décor traditionnel. Tatamis (6 pour être exacte, puisque c'est l'unité de mesure des chambres traditionnelles), cloisons coulissantes, table basse, chaises à même le sol, mobilier traditionnel et décoration japonaise en bois, bambou, et papier de riz. Bien sûr, il y a de quoi ranger les affaires, et il y a évidemment une télé, une bouilloire, et un minibar.
A la réception, on nous a demandé de choisir nos yukatas (les kimonos). Bien évidemment, même le plus petit est trop grand pour moi, et du haut de mon mètre 55, j'aurai pu très bien me servir dans la pile pour enfants. Dans l'armoire de la chambre, on trouve des vestes de kimonos, ce qui est bien pratique en hiver, surtout pour la suite, quoique j'ai failli tomber une dizaine de fois parce que je marchais dessus. Je vous ai dit, je suis toute petite. Ah, il y avait aussi le mode d'emploi. "Comment porter un kimono". Bon, bien entendu je ne l'ai pas lu et j'ai donc complètement foiré ma tenue puisque j'ai tout mis n'importe comment, comme je l'expliquais ici. On a dû aussi laisser nos chaussures à l'accueil, et les échanger contre une paire de sandales. Oui, au Japon, on n'entre jamais avec ses chaussures.
Bon, maintenant qu'on a visité les lieux, revêtu notre kimono, on peut passer aux choses sérieuses, ce pourquoi on est là: le rotenburo, à savoir, les bains extérieurs. Premier tour vers 17h30. Encore faut-il qu'on trouve la sortie vers les bains, il n'y a pas beaucoup d'indications, et encore moins en anglais. On déambule donc dans les couloirs, en kimono et avec la serviette de bain (fournie par l'hôtel) sous le bras.
Avant de mettre le pied dehors, il faut troquer les sandales contre des bottes. Pas besoin de chercher bien loin, y'a l'étendue du choix, reste plus qu'à trouver ma pointure.
Nous voilà prêts! Il faut sortir dehors, à moitié nu dans la neige, et ça caille. En plus avec mon kimono deux fois trop long pour moi, je ne peux pas marcher très vite, encore moins sur la glace.
Il faut marcher un peu, monter des marches givrées, et s'enfoncer dans le paysage pour arriver aux bains. Il y a 3 bains mixtes différents. Le premier bain, Maka, est le plus réputé, parce qu'il est grand (120 tatamis, oui on compte aussi en tatamis, soit 20 fois notre suite), et aussi parce que c'est le premier sur la route. J'imagine que les plus frileux n'iront pas plus loin. Le second bain, Hannya, est beaucoup plus petit, et l'eau est beaucoup moins profonde. Le troisième bain, et là il faut marcher un peu plus longtemps dans la neige et passer des ponts plein de glace, (toujours en kimono!) c'est le plus grand, 200 tatamis, soit 330 mètres carrés. Malheureusement, je n'ai pas les températures des bains, mais je peux vous dire que c'est le plus chaud, et de loin mon préféré.
Il y a également un 4e bain, le Maya, uniquement réservé aux femmes. L'eau est super chaude, le bain est bien caché, on peut donc s'y baigner nue. Chaque bain dispose d'une pièce pour se changer, hommes et femmes séparés. Le bain pour les femmes et le seul qui dispose d'une énorme salle pour se changer, et surtout, la seule avec le chauffage.
Pour entrer dans les bains, il faut donc se déshabiller. Hors de question de porter le moindre vêtement, mais, dans les bains mixtes, et uniquement dans ceux-là, les femmes ont le droit de porter une espèce de robe-serviette fournie par l'établissement. Les hommes ont uniquement une mini serviette de bain, qui peut éventuellement leur permettre de cacher ce qu'ils ont envie de cacher. Faut pas être pudique en fait. Mais bon, tout le monde est dans la même tenue, et chacun se respecte. Je n'ai sentie aucune gêne ni aucun regard insistant.
Quelques règles et conseils à suivre dans les bains:
Je n'ai pas de photos où on voit bien les bains. Il est autorisé de prendre des photos des alentours, mais il est demandé de ne pas photographier les bains, et de rester discret, et respectueux envers les gens qui se baignent. Sachant que tout le monde est nu, ou presque, c'est tout à fait normal.
Si vous préparez un voyage au Japon, vous n'êtes probablement pas sans savoir que les tatouages y sont très mal vus. Ça peut paraître étrange pour un pays aussi moderne, ouvert et à première vue excentrique, mais les tatouages y sont associés à la mafia, aux gangs, aux yakuzas. Alors oui, la société japonaise évolue et de plus en plus de jeunes sont tatoués, mais non, c'est toujours le cas, les tatouages sont très mal vus. Sachez qu'on peut vous refuser l'entrée de pas mal d'endroits si vous avez des tatouages visibles. Dans la majorité des onsen, bains publics et même privés, les tatouages sont interdits, et ce, même si vous êtes un étranger. On peut tout à fait vous mettre dehors. Si vous avez une ou plusieurs petites pièces, vous pouvez simplement les cacher, pas simple quand on est nu vous me direz, mais vous trouverez au Japon des genres de pansements couleur chair qui permettront de couvrir vos chefs d'œuvres.
Bon, pour ma part j'ai une dizaine de tatouages, impossible de les cacher. Sachez que cet établissement accepte les gens tatoués! C'est aussi pour ça que je l'ai choisi, l'ami au Japon qui me l'a conseillé est lui aussi lourdement tatoué. Bref, c'est tout cool !
En tous cas, c'est une expérience unique. Se retrouver en pleine nature, sous la neige, dans des bains d'eau chaude volcanique hyper relaxant, et en plus dans ce cadre sublime...
On a donc testé les différents bains en fin d'après-midi, vers 17h. Puis, on est rentrés dans notre chambre, car on avait réservé le repas à 18h45.
Selon les types de chambres, pour celles dont le tarif inclue le repas du soir, vous avez soit le repas au restaurant, soit le repas directement servi dans votre chambre. Par chance on avait celui servi dans la chambre. Et c'est génial, là encore c'était une expérience!
A 18h45, une dame a tapé à notre porte, elle a installé notre table et nos chaises au milieu de la pièce, nous a demandé de nous asseoir, et a servi les plats, accroupie, sur le pas de la porte. Et quel repas ! Ça n'en finissait jamais: poissons, crevettes, sashimis, légumes, makis, soupes.... Quand je pensais que c'était tout, elle revenait avec un barbecue, une fondue, ou un dessert. Le fait de manger attablés de cette façon, à la japonaise, toujours vêtus de kimonos, c'était déjà cool. Mais en plus, la nourriture était succulente et le service génial.
Bon, par contre on ne comprenait pas tout ce qu'elle expliquait en japonais, donc il y a des choses je ne savais ni ce que c'était, ni comment ça se mangeait. Du coup, le lendemain, quand le gars nous a demandé comment on a trouvé la soupe à la viande d'ours j'étais assez dubitative. Je pensais que c'était une blague, mais non en fait. C'est de l'ours.
Après avoir vu les photos de la chambre, vous vous demandez peut-être où on dort. Après avoir fini de manger, et après que la dame ait tout débarrassé, un homme a tapé à notre porte. Révérences à la japonaise, salutations, excusez-moi de vous déranger, il enlève bien entendu ses chaussures, bouge la table, et installe les futons pour dormir. Franchement, on dort super bien sur les futons. Et malgré l'isolation qui a l'air très moyenne, les chambres sont chauffées, donc on a même pas eu froid.
Le soir, après le dîner, j'ai chillé digéré un peu devant la télé et je suis repartie aux bains. Oui, les bains sont ouverts H24, même la nuit. Autant se baigner là dans la journée c'était incroyable, mais alors la nuit c'est magique. Il n'y avait absolument personne, je suis partie seule, et j'ai pu donc profiter du bain réservé aux femmes, dans le plus simple appareil, et dans un calme absolu, en plein milieu de la nuit et en pleine nature. MA-GIQUE ce bain de minuit. Il fait noir mais c'est un peu éclairé, suffisamment pour voir où on met les pieds mais pas trop pour gâcher le charme de la nuit non plus. Sinon on trouve des lampes de poche dans la chambre, pour ceux qui souhaite effectuer une excursion nocturne.
J'ai aussi fait un détour par les bains intérieurs, toujours la nuit. Le ryokan dispose d'un grand bain pour femmes, et un grand bain pour hommes, séparés donc. Là, interdiction de porter le moindre vêtement. L'eau est carrément plus chaude par contre. Mais étant donné que c'est à l'intérieur, on a l'impression d'être au beau milieu d'une serre, et c'est difficile d'y rester longtemps. C'était agréable, mais je préfère largement les bains extérieurs. Par contre, les bains intérieurs disposent d'une énorme salle de bain commune, avec des douches, gels douche, shampoings, sèche-cheveux, tout ce qu'il faut en fait, et c'est bien plus pratique que les salles de bain des chambres.
Le lendemain, je me suis levée à l'aube pour profiter des bains une dernière fois, et de bon matin ça a son charme aussi, ça vivifie. J'ai aussi pu prendre le temps de prendre un bon petit déjeuner, servi en salle commune. C'était un gros buffet, avec tout ce qu'il faut. Encore une fois, on est super bien accueillis, y'a pas à dire, le service est vraiment exceptionnel.
Je me suis levée tôt aussi parce que je voulais prendre le temps pour me balader à l'extérieur, et prendre quelques photos. La veille, je ne prenais pas mon appareil pour aller me baigner, j'étais en kimono, ce n’était pas pratique, j'avais froid, et il faisait trop sombre, voire nuit noire. C'est parti donc pour une balade matinale dans ce cadre magnifique. En tout cas, c'est plus pratique habillé!
Bien entendu, tout ça a un prix, et il n'est pas donné. On a payé 30000 yens, soit 250€ la nuit. (29000 pour la chambre, 700 de conso dans le minibar, et 300 de taxes). Par contre, prenez-y vous à l'avance. Comme je le disais, l'hôtel est réputé pour être classé dans les meilleurs ryokans du pays, il est donc souvent plein. Evitez d'y aller le weekend si vous voulez être vraiment tranquilles. Vous pouvez réserver via le site internet, ici ou via les sites web habituels, Booking, Agoda, Hotels.com, et compagnie.
Points positifs:
Point négatifs, vraiment parce qu'il faut que j'en trouve :
En fait, il y a des ours en cage. J'avais lu ça dans une review sur booking il me semble. C'est vraiment quelque chose qui m'a dérangé, j'ai failli annuler pour cette raison d'ailleurs. Finalement, on y est quand même allé, et, sur place, j'ai demandé à la réception pour avoir plus d'informations, et ils ont vraiment pris le temps de m'expliquer.
Ils m'ont expliqué qu'il y a plein d'ours dans la région, d'où la soupe à l'ours. Traditionnellement, ils sont chassés pour leur viande, réputée très nutritive, ce qui permettait aux habitants des montagnes de se nourrir et de pallier au manque de nourriture, car l'agriculture reste difficile dans cette région. Un jour, deux oursons orphelins, sont descendus de la montagne et se sont retrouvés dans le onsen. Afin de les protéger des chasseurs, les propriétaires de l'établissement ont décidé de les garder dans le domaine. Les oursons profitaient donc des bains, en totale liberté au milieu des humains. Le gars à la réception m'a montré plein de photo et m'a même montré une vidéo en noir et blanc avec les oursons qui s'amusent et se prélassent dans les bains. Vidéo que j'ai retrouvée sur Youtube, ici.
Depuis, les lois se sont durcies, les oursons ont grandi, ont peut-être fait des bébés, et l'établissement doit désormais les garder en cages. Je ne voulais pas y aller, et je voulais vraiment passer outre car c'est le genre de chose qui me fait mal au cœur et qui me met en colère, mais avant de partir, j'ai quand même vu les ours. La cage est (relativement) grande, je m'attendais à pire en fait. Rappelons que les standards asiatiques quant aux animaux sont bien loin de nos standards européens, et ce, même au Japon. Là pour le coup, j'ai envie de dire "ça allait". Je suis aussi tombée sur la personne qui s'occupe des ours. Il nous a encore raconté leur histoire, et nous expliquait comment il s'en occupait, ce qu'ils mangeaient, tout ça. Bref, les ours n'ont pas l'air si mal lotis, et j'imagine qu'ils ne survivraient pas très longtemps si on les relâchait dans la nature. Finalement, ça m'a un peu rassuré de les voir et de parler avec les gens.
En tous cas, même si "ça allait, comparé à d'autres endroits en Asie", je continue de maintenir mon point de vue, des ours n'ont rien à faire en cage, et je pense qu'il serait plus judicieux pour l'établissement de les confier à un centre de protection des animaux sauvages ou au mieux, un centre de réhabilitation.
Voilà, j'espère que cet article vous a plu. Si vous y êtes allés, n'hésitez pas à me raconter votre experience en commentaire! Et si vous avez d'autres superbes adresses de onsen au Japon, je suis prenneuse de toutes vos recommandations pour un futur séjour!