24 Avril 2017
Oui, je sais, ça fait beaucoup de temples ! Mais c'est tout l'interêt de Kamakura.
Le dernier que nous avons visité est le temple bouddhiste d'Hase-dera 長谷寺 .
Pour y accéder, à pied, comptez environ 30 minutes de la gare de Kamakura. Sinon, en bus, toujours en partant en face de la gare, tout y bien indiqué, et le trajet vous prendra 5 minutes, 190 yens. Notez que le temple Hase-dera est à quelques minutes de marche du grand Bouddha, de son temple Kotokuin, ainsi que du temple Hokokuji. Ils sont dans le même coin, au sud ouest de la ville.
L'histoire de ce temple est assez intéressante. En 721, un moine découvrit un arbre (un camphrier) gigantesque dans la forêt. Il décida de sculpter deux énormes statues de la déesse de la miséricorde, Kannon, à 8 têtes. Il en offrit une des deux à un autre temple (celui de Sakurai), et l'autre fut jetée à la mer. Cette prière impliquait qu'elle réapparaisse pour sauver le peuple japonais. Et,15 ans plus tard, en 736, la voilà échouée sur la plage de Nagai, près de Kamakura. Le temple Hase-dera fut donc érigée pour accueillir la statue.
En fait, il n'y a pas qu'un temple, mais plusieurs bâtiments, plus ou moins grands, ainsi que des petits autels, par ci par là.
On croise aussi pas mal de statues, un peu partout. Il y en a des milliers.
Surtout, énormément de statues de Jizo, souvent avec une apparence enfantine et habillées de bonnets et/ou de bavoirs. J'avais déjà posté des photos quand je parlais de Askusa (Tokyo) et Hokokuji (Kamakura), mais j'attendais de parler du temple Hasedera pour expliquer. En effet, le temple de Hasedera en abrite 1000.
Dans la tradition bouddhiste, Jizo (en sanskrit Kshitigarbha) est un des 8 grands boddhisattvas (bosatsu en japonais). Non pas un dieu, non. D'ailleurs, le Bouddha n'est pas un dieu non plus. Mais Jizo pourrait être plutôt comparé à un saint. Selon lui, il atteindrait l'Illumination, deviendrait donc un Bouddha, que lorsqu'il aurait accompli la tâche ultime de vider les enfers.
Il n'est pas très populaire en Inde, mais l'est particulièrement en Chine depuis que le bouddhisme y a été introduit, car son rôle est d'accompagner les morts et de les sauver dans les enfers, ce que les chinois tiennent particulièrement à coeur.
Par ailleurs, dans la tradition bouddhiste en règle générale, les hommes doivent cumuler des bonnes actions dans leur vie pour être sauvés de la souffrance des enfers. Sauf que les enfants sont trop jeunes pour justifier d'autant de bonnes actions. Le rôle de Jizo est donc d'accompagner, de sauver et de protéger les enfants et les nouveaux-nés partis trop tôt. Cette partie du culte est particulièrement présente au Japon. Les mères ayant perdu un enfant (avorté, mort in-utero, mort-né, ou à un très jeune âge) recouvrent les statues de bonnets, de bavoirs, de vêtements, généralement rouges, afin de protéger les petits du froid dans l'eau-delà. Elles les entourent parfois de jouets, et de fleurs afin de remercier Jizo.
Voilà, maintenant vous savez. Oui, c'est super triste en fait. Qui c'est qui disait "Moh elles sont trop mignonnes ces statues avec leur bonnet" ? (Oui, moi. Pardon. Mais c'est vrai qu'elles sont mignonnes, et la signification n'enlève par leur charme. Au contraire, ça fait chaud au coeur.) Si ça peut vous remonter le moral, parfois les parents déposent des jouets et des fleurs, aussi pour remercier Jizo de la guérison de leur enfant après une maladie. Aussi, au sens large, Jizo protégerait également les voyageurs.
Ce que j'ai adoré dans cet endroit, c'est le jardin. Beaucoup de fleurs (et pourtant en hiver ! ), et d'oiseaux.
Si vous montez la colline, vous avez droit à une jolie vue sur la baie et sur la ville.
Bon, les photos sont moches, mais tout ça pour dire qu'il y a des aigles. D'ailleurs il y a des panneaux qui vous invitent à ne pas manger et à faire attention à ce que vous avez.
Entrée : 300¥ / environ 2,50€ (100¥ pour les moins de 12 ans)
Ouverture : tous les jours de 8h à 17h (16h30 d'octobre à février).