14 Mai 2019
Je vous raconte toujours que des belles choses sur ce blog, que du positif. Loin de moi l'idée d'embellir la situation et de vous balancer de la poudre aux yeux, non, c'est juste que mon expérience en Chine est simplement hyper positive et que j'ai pas vraiment matière à me plaindre.
Mais, pour changer, je vais vous parler brièvement d'un truc, un seul, qui me tape VRAIMENT sur le système. Cette chose c'est...
J'avais pas l'intention de faire un article sur ça un jour, mais ce matin, je me suis dit, tiens, je vais leur raconter ma mésaventure d'hier.
Il faut savoir qu'autour de chez moi, c'est plein de sites de construction. Ils construisent des immeubles. Tout le temps. Je rappelle que Shenzhen est en perpétuelle construction depuis 1979, et qu'elle est devenue une ville de 12 millions d'habitants en l'espace de 40 ans. Ceci explique peut-être cela.
Quand on a emménagé dans ce nouvel appartement, qui me plaisait d'ailleurs beaucoup plus que le premier (plus d'espace, 2 chambres, 2 balcons, et bien situé), ils étaient en train de finir de construire un immeuble en face, mais c'était juste les travaux de finition intérieure donc ça allait, et ça n'a pas duré bien longtemps. Sauf que, juste après, d'autres sites de construction ont poussé tout autour de chez moi, comme des champignons.
En théorie, ils travaillent de 7h du matin à 23h, tous les jours. S’il pleut trop, s’il y a un jour férié ou un typhon qui fait stopper les travaux temporairement, ils rattrapent alors le temps perdu tard le soir les jours suivants. Quand bien même il n'y a rien qui puisse interrompre le bon déroulement des travaux, généralement, ils continuent quand même après 23h. Quand ils ont fini, c'est le tour des camions de faire leur entrée en scène, et c'est un défilé de bétonneuses de l’enfer qui se poursuit jusque minuit-1h du matin.
Bref, jusque-là, rien de bien dramatique. Je dois avouer que j’ai un sommeil très léger, et, pour dormir, il me faut une pièce noire, aucune trace de lumière et le silence absolu. Même dans des conditions des plus optimales, j’ai besoin de plusieurs heures pour m’endormir en général. En plus, en Chine, les appartements sont très mal isolés et insonorisés, on entend tout. Et ça résonne à fond, j’habite au 19e étage, et c’est encore pire qu’au premier. C’est très chiant, mais en règle générale, ça va. Y'a pas de quoi vermifuger un abribus.
Ou alors on s’y fait, je sais pas trop.
Par contre hier soir, ça n’a pas arrêté une seconde. Ils ont continué la construction TOUTE LA NUIT. Evidemment, moi, le marteau-piqueur à 3h du matin ça me rend folle.
Voilà comment j’ai pété un plomb en plein milieu de la nuit. Je me suis levée, j’ai mis mes baskets, et je suis sortie en pyjama pour aller exprimer ma colère directement sur le site de construction auprès des personnes concernées. Je pense que j'étais vraiment desesperée, à bout de nerfs. Les ouvriers ont donc vu une étrangère remontée comme jamais, débarquer en pleine nuit sur le site, mais apparemment ça n’a choqué personne. Je leur ai demandé quand ça allait s’arrêter et en gros ils m’ont répondu que le bruit n’allait pas cesser. DEAL WITH IT. Bon, je suis pas en colère contre les ouvriers, je sais que c’est pas leur faute, et leur situation n'est pas des plus agréables à vivre, ça je le sais. Les entreprises au-dessus qui supervisent tout ça, elles, elles abusent.
Mais j’ai appelé la police. Cette idée saugrenue n'est pas sortie de nulle part, je vous rassure. J’avais un jour discuté avec une personne de mon immeuble dont la femme appelait la police quand ça se calmait pas la nuit, et apparemment, vue qu’ils sont censés arrêter leur bordel après 23h, ça fonctionne. Du coup je me suis dit soit j'attends que quelqu'un se décide à le faire, soit je prends mon courage à deux mains et je le fais moi-même. C'était mon tour. J’ai expliqué la situation, la police m'a dit d'appeler un autre numéro, j’ai re-expliqué la situation, il m'a donné un autre numéro, tout ça pour finir au téléphone avec le service de nuit des plaintes du bureau « environnement » de mon district.
C'est toujours un challenge ce genre de situation. Pas le fait d'être dehors à me plaindre auprès de la police à 2h du matin, mais de devoir me démmerder seule dans une situation auquelle j’ai pas l’habitude de faire face, en utilisant une langue que je ne maitrise pas complétement. J’ai un bon niveau de chinois, ce qui est un gros plus dans la vie quotidienne car je ne rencontre pas vraiment de difficultés. Mais, il y a quand même des situations ou des procédures dans lesquelles je ne comprends que dalle et je galère. En plus, j'ai souvent l'impression que mieux tu parles chinois, moins les gens font d'efforts, parce que, c'est bon tu comprends. C'est le cas à la banque par exemple. Parfois, si ça ne marche pas, la personne en face va me demander si j’ai pas des proches chinois qui peuvent m’aider, traduire, ou le faire à ma place. J’ai souvent envie de laisser tomber, puis je me dis, merde, je vais essayer quand même, j’ai rien à perdre, et puis de toute façon, bah non, y’a personne qui va le faire à ma place. Au mieux ça marche, au pire ça marche pas, mais au moins j'ai essayé et ça ne peut qu’enrichir mon expérience et mon vocabulaire (ça c'est la partie de moi qui voit du positif partout).
Bref, je suis contente d'avoir essayé et de m'être débrouillée seule. Evidemment ça n’a servi à rien du tout, puisque la personne m’a répondu, de ce que j’ai compris, que le site de construction avait une autorisation spéciale de 24h pour continuer des travaux spécifiques.
En gros, va te recoucher l’étrangère, et met des boules quiès.