11 Avril 2022
Si vous avez lu mon dernier article, au moins le titre, vous n’êtes pas sans savoir que je suis de retour en Chine ! Si ce n'est pas le cas, je vous invite à lire l’article précédent, car aujourd’hui il est temps de vous parler de la quarantaine à l'arrivée en Chine !
Les frontières de Chine étant fermées, ou presque, les rares chanceux qui arrivent à entrer sur le territoire doivent se coltiner une quarantaine très stricte, dans un endroit imposé.
Je suis arrivée le samedi 19 mars 2022 à Canton, en provenance d'Edimbourg, après un voyage de 3 jours, mille et une procédures, 12 tests covid, et 24h à stresser à l'aéroport d'Amsterdam Schiphol en attendant le feu vert final de l'ambassade. Et autant vous dire que l'arrivée a été tout aussi chaotique. Déjà, à l’aéroport c’était n’importe quoi.
D’abord, il a fallu s’enregistrer en ligne pour avoir un QR code. L’avion était énorme et il était plein, mais il n’y avait pas beaucoup d’étrangers. En plus de la barrière de la langue pour certains, la plupart d’entre nous n’avions pas de numéro de téléphone chinois ni accès à internet. Et le personnel, bien qu’assez aimable en règle générale, n’avait pas tellement envie de s’investir dans les problèmes des laowai. Il y avait bien des machines qui nous permettaient de s’enregistrer et d’avoir accès au wifi gratuitement, mais, manque de bol, elles n’étaient pas branchées. C’est con. Bref, ça a pris des heures. Heureusement, on a pu compter sur l’entraide entre étrangers, mais aussi le partage de connexion et de compétences linguistiques. Enfin, récupérer nos bagages nous a coûté quelques heures supplémentaires, puisqu’ils prennent le temps d’asperger chacune des valises avec du javel. Mon premier conseil, c’est d’apporter des valises rigides. Evitez les sacs à dos et les bagages en tissu. Fort heureusement pour moi, c’est un conseil que l’on m’avait donné avant de partir, et j'en suis très reconnaissante !
Ensuite, je me dirige vers un bus qui doit nous emmener en quarantaine. Tout est hyper strict, c’est incroyable, rien à voir avec la situation en Europe. Je monte dans un minibus avec d’autres passagers chinois, et on roule longtemps, environ 1h30, voire 2h. Ce n'est pas très agréable d'être dans un bus et de rouler, sans savoir pour combien de temps ni pour aller où, j'ai trouvé que c'était très stressant.
Enfin, on arrive devant l’entrée d’une zone résidentielle en travaux, hyper sécurisée, un peu au milieu de nulle part et entre des sites de construction. Pas de bol, il semblerait que je ne sois pas tombée dans un hôtel mais dans un gros centre de quarantaine. Il va falloir prendre son mal en patience parce qu’ils vont nous laisser plus d’une heure enfermés dans le bus alors qu’il fait 29 degrés dehors. Le mec à côté de moi se coupe les ongles et je suis au bord de la crise de nerfs. On entre enfin dans la zone, j’ai l’impression d’être dans le film Contagion. Ils aspergent encore une fois nos valises de javel, parce que, qui sait ce qui a pu se passer dans la soute ces deux dernières heures. Enfin, on nous demande de sortir du bus. Déjà, je me fais engueuler parce qu’il faut sortir un par un. Mais en plus de ça, on nous demande de monter sur un tabouret pour que l’on nous asperge de désinfectant. Chouette, je pue la javel et il y a des tâches sur mon sweat préféré. On nous force aussi à mettre des gants et j’ai l’impression que tout le monde me crie dessus. Je récupère mes valises dégoulinantes de javel et je monte au 24e étage.
J’ouvre la porte de ma chambre. C’est là où je vais passer les 14 prochains jours. Il s’agit en fait d’un appartement, avec un salon et deux chambres. Il y a tout ce qu’il faut, des draps, serviettes de bain, nécessaire de toilette, masques, mouchoirs, thermomètre, bouilloire, sèche-cheveux… Il y a même une machine à laver sur un mini balcon. C'est plutôt bien équipé, et c’est très grand. Il y a des barreaux aux fenêtres, mais elles s’ouvrent, alors c’est déjà ça. En revanche, la salle de bain est horrible. Il s’agit d’un toilette « à la turque » en dessous d’un pommeau de douche. J’avais déjà eu ça lors de mes voyages en Chine, mais j’avoue que je ne pensais pas trouver ça en « quarantaine internationale » à Canton.
La nourriture n’était pas très bonne, mais j’étais déjà contente d’avoir un menu végétarien (même si il y avait des œufs à TOUS LES REPAS). Bref, c'était pas dégueulasse, mais ce n'était pas bon non plus. Elle est livrée 3 fois par jour, le sac est posé sur un tabouret dans le couloir devant la porte. Il y a aussi une poubelle, qu’ils viennent vider deux fois par jour. Evidemment, il est interdit de sortir de l’appartement, à part pour récupérer la nourriture ou sortir les poubelles sur le palier. Ils viennent aussi asperger tout le couloir et les portes de javel plusieurs fois par jour. J’espère d’ailleurs que vous aimez ça, l’odeur de la javel, parce que c’est le parfum officiel de la quarantaine en Chine. Aussi, lorsque le personnel passe dans le couloir, vous n’avez pas le droit d’ouvrir la porte. Il n’y a pas de contact avec le personnel, sauf pour les tests covid qu’ils viennent effectuer sur le palier plusieurs fois par semaine. Pour les jours où il n’y a pas de tests covid, ils viennent quand même taper à la porte pour voir si vous allez bien, enfin, surtout pour vérifier que vous n’avez pas de symptômes. La vie dans ce bâtiment est réglée comme du papier à musique, et on n'a pas toujours l'impression d'être un être humain.
Chaque jour, je devais prendre ma température à des plages horaires précises. Il y avait aussi des documents et quelques questionnaires à remplir à des jours bien précis. Le personnel me les envoyait sur WeChat, et ils restaient disponibles si j’avais la moindre question ou le moindre problème. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont plutôt serviables, et ça c'est cool.
A savoir :
Enfin, voici une petite liste de choses que je vous conseille d’apporter en quarantaine :
Pour conclure, je dirais que la quarantaine s’est très bien passée pour moi. Je dois avouer que les 24 premières heures ont été assez difficiles. Je n’avais qu’une envie, c’est qu’ils me remettent dans l’avion et retourner en Ecosse dans les bras de mon cher et tendre. Mais je pense que c’est simplement la fatigue qui a joué. En plus du décalage horaire, il faut dire que ça a été un très long voyage. C’est aussi tout le stress qui s’était accumulé les dernières semaines/mois, ainsi que le poids des mesures anti-covid et le climat très anxiogène à l’arrivée. Bref, après une bonne nuit de sommeil, j’étais de meilleure humeur le lendemain !
Les 13 jours qui ont suivi se sont plutôt bien déroulés. J’étais assez occupée et je n’ai pas vraiment vu le temps passer. Mais je sais que ça peut être dur à vivre pour d’autres. Si vous ne supportez pas d’être enfermé, ou d’être seul, alors ça peut être compliqué. Mon conseil, c’est vraiment de prendre soin de vous, et de ne pas vous prendre la tête. Profitez-en pour vous reposer, pour binge-watcher vos séries préférées, pour lire tous les livres que vous n’avez pas eu le temps de lire, pour vous mettre à la méditation… Faites des choses qui vous font plaisir, et prenez soin de votre santé mentale, c’est important !
Je suis actuellement à mon 13e jour d’isolement. Demain, je pars pour Xiamen, où je devrais suivre deux autres semaines de quarantaine, mais dans mon appartement. Oui, vous avez bien lu, j’ai bien 4 semaines de quarantaine en tout ! Cela dit, la 4e et dernière semaine est une quarantaine dite "d'observation". J'aurais le droit de sortir dehors, prendre l'air, marcher, courir, mais je n'aurais pas le droit de me mêler à la population, aller dans les magasins ou autre endroit public clos, comme les transports en commun par exemple.
Lorsque je suis arrivée à l'aéroport de Guangzhou, ma collègue m'a envoyé un message pour me dire que les règles venaient de changer, suite à la découverte de nouveaux cas positifs à Xiamen. A mon arrivée, je serai emmenée dans un hôpital pour me faire tester, puis je serais emmenée dans un hôtel, où je devrais y passer 24h, jusqu'à ce qu'on reçoive les résultats du test le lendemain, si résultats négatifs, bien évidemment. Pas de bol, je suis encore là au mauvais moment, comme d'habitude.
J'étais dépitée, mais bon, j'ai pris mon mal en patience. C'est juste une journée, ça va aller, je serais quand même chez-moi avant la fin du weekend.
Prendre l'avion quand on est en quarantaine en Chine, c'est une expérience ! Moi et les 6 autres passagers en quarantaine pour Xiamen avons dû attendre dans un terminal que je qualifierais de "spécial pestiférés". Ensuite, nous avons embarqué séparemment des autres passagers, pour finalement être placés tout au bout de l'avion. A l'arrivée, il nous a fallu attendre que les autres passagers sortent pour pouvoir bouger. On devait évidemment porter un masque, mais aussi des gants.
A l’arrivée à Xiamen, je suis emmenée dans un bus, qui lui m’emmène, surprise, encore dans un gros centre de quarantaine. Des tours et des tours fraîchement construites pour les gens comme moi, qui sont négatifs au covid et qui n’attendent qu’une chose, qu’on les libère de cette quarantaine. Mes valises sont une énième fois aspergées de javel, et on me dépose devant une porte en me disant de ne pas sortir. Il y a une alarme qui sonne dès que la porte est ouverte, et ça casse les oreilles.
Là, sur le palier, je demande au mec en full combinaison « je sors quand du coup ? ». Il me répond « bah… dans 7 jours !». A ce stade, je ne vais pas vous le cacher, c’était un peu la panique dans ma tête. La morale de l'histoire : une quarantaine peut en cacher une autre.
Ce deuxième centre de quarantaine était très différent du premier. Déjà, il n’y avait pas de matelas, le lit c’était trois planches de bois mises côte à côte. Il faisait froid, il n’y avait pas de serviette de toilette, et ils ne fournissent même pas d’eau minérale. Pour boire, il fallait faire bouillir l’eau du robinet. Ils fournissent simplement quelques trucs de « première nécessité » : une bassine, du papier toilette, du gel douche, une brosse à dents, du dentifrice…
Pour la nourriture, j’ai demandé à avoir des repas végétariens, ils m’ont dit « oui, ok, c’est noté », mais ça ne venait jamais. Au bout de deux jours, j’ai eu un paquet repas avec une étiquette qui indiquait « végétarien pour la 2202, ne mange pas de viande ». J’étais ravie, enfin j’allais pouvoir manger ! Mais en fait, c’était que de la viande. Je leur ai demandé si c’était une erreur, ils m’ont répondu que non, et qu’en fait ils ne fournissent qu’un seul type de repas. Autant le dire dès le début, au lieu de me faire tourner en bourrique et prendre le temps de mettre une étiquette pour me faire plaisir. Evidemment, il était impossible de se faire livrer quoi que ce soit, c'était strictement interdit. Bref, j’étais dégouttée de devoir y passer 7 jours.
Ce deuxième centre de quarantaine, à l'inverse du premier, est complètement gratuit. Je n'ai pas dû débourser un centime. Ni pour l'hébergement, ni pour la nourriture, ni pour les tests Covid. J'avoue que je préfère avoir une option payante et avoir quelque chose de mieux, mais il faut avouer que c'est quand même une bonne chose que le gouvernement fournisse ça gratuitement.
Heureusement, j'ai quand même de la chance. Mes collègues et mon employeur étaient là pour me soutenir, et ils ont même réussi à obtenir l’autorisation de me faire sortir de là au bout de 2 jours.
Après un énième test Covid négatif, j'ai dû revêtir une tenue d'hôpital complète : charlotte, gants, protèges-chaussures, masque, la totale quoi, et c'est carrément une ambulance qui est venue me chercher.
Après un passage rapide à l’hôpital du coin pour encore un test covid, on m’amène enfin chez moi, où j'ai pu finir les deux dernières semaines de quarantaine.
Vraiment, un énorme merci à mes collègues, c’était vraiment très rassurant de me savoir soutenue et de savoir qu’il y avait des gens derrière pour prendre soin de moi. Je suis actuellement chez moi, et j'entame ma 4e, et dernière, semaine de quarantaine dans le confort de mon appartement ! Cela dit, la 4e semaine est une quarantaine dite "d'observation". J'aurais le droit de sortir dehors, prendre l'air, marcher, courir, mais je n'aurais pas le droit de me mêler à la population, aller dans les magasins, restaurants, ou autre endroits publics clos, comme les transports en commun par exemple.
Que de péripéties ! Si vous voulez en voir plus de cette quarantaine, je vous invite à voir ma vidéo "Une journée en Quarantaine", où je vous montre une journée type en 4mn, top chrono (ici). J'ai aussi fait un TikTok assez drôle sur le deuxième centre de quarantaine (là), et bien sûr j'ai aussi fait beaucoup de stories sur Instagram, que vous retrouverez épinglées sur mon profil (ici).
Voilà, si vous avez l’intention de partir en Chine sous peu, j’espère que cet article vous sera utile. Néanmoins, gardez en tête que ce n'est que MON expérience, la vôtre sera probablement différente, et, de plus, les restrictions peuvent changer très vite en Chine. En tous cas, j'espère que ce retour d'expérience vous aura plu, n’hésitez pas si vous avez d’autres questions, je serais ravie de pouvoir vous aiguiller d'avantage !
A bientôt !