14 Juillet 2020
Nous sommes toujours à Chengdu dans le Sichuan, et aujourd'hui nous voilà en direction du monastère Wenshu, un endroit que j'ai particulièrement apprécié !
Le temple Wenshu, wenshuyuan 文殊院 en chinois, est un temple bouddhiste construit au 7e siècle, sous la dynastie Tang. Avant, il s'appelait le temple Xinxiang 信相寺.
A la fin du 17e siècle, sous le règne de l'empereur Kangxi (un des grands empereurs de Chine, connu pour la stabilité et la prospérité de son règne, mais aussi pour le fameux dictionnaire compilé par sa cour, le « kangxi zidian 康熙字典 »), un moine du nom de Cidu 慈笃 arriva au temple. Il construisit une cabane et y vécu quelques années de sa vie de moine. Quand il fût incinéré (ou pendant qu’il méditait, selon les légendes), une représentation de Manjushri apparut, laissant penser que Cidu était la réincarnation de ce Bodhisattva de la sagesse.
Après cet événement, le temple pris le nom de temple Wenshu (Wenshu Pusa est le nom chinois de Manjushri). A ce propos, je vous ai brièvement parlé de Manjushri/Wenshu récemment, puisqu’il y a une montagne sacrée à Yading qui est l’incarnation de Manjushri (c’est le mont Jampelyang, le nom de Manjushri en tibétain). Vous retrouverez l'article sur cet endroit merveilleux ici.
Le temple est également connu pour les nombreuses reliques culturelles qu'il abrite. Ce sont des centaines de pièces sacrées, peintures, statues (dont une statue de bouddha en jade, importée de Birmanie, et dont le moine a fait le trajet à pieds) ossements et calligraphies, qui y sont exposées. Malgré les guerres, destructions et reconstructions que le temple a essuyé au cours son histoire, son contenu est resté intact et c'est une richesse inestimable.
Aujourd'hui, le temple Wenshu est le plus grand temple de Chengdu, et l'un des mieux préservés. Il est constitué de 190 pièces et 5 halls, tous richement décorés, et loge près d'une centaine de moines qui vivent et étudient dans le monastère.
Le temple attire chaque jour de nombreux pèlerins qui viennent prier, brûler de l'encens et déposer des offrandes. Il accueille également de nombreux touristes chinois et étrangers, qui viennent admirer le temple, ses reliques et ses pagodes, mais qui viennent également profiter de l'atmosphère paisible de ses jardins.
Comme dans la plupart des temples, les détails sur les toits sont absolument sublimes.
Les offrandes du temple Wenshu m'ont particulièrement impressionnée. Tout est si soigneusement placé, c'est un beau mélange de couleurs, de textures, et d'odeurs qui s'étale devant nous.
Le monastère Wenshu est réputé également pour sa maison de thé, en plein cœur des jardins, et son restaurant bouddhiste végétarien.
Si vous êtes végétarien, ou si vous aimez simplement la cuisine végétarienne, il vous faut tester la nourriture dans les monastères ! En général, ils proposent de nombreux plats, bien souvent des buffets, parfois même des hot-pots, et ce n'est pas trop cher. Dans les monastères, ce sont les moines qui cuisinent pour l'ensemble de la communauté, et les restaurants sont souvent ouverts au public. On trouve aussi, en général, des restaurants bouddhistes aux abords des temples.
Le bouddhisme n'impose pas nécessairement le végétarisme (su shi 素食), mais c'est un régime alimentaire commun chez les moines et les fidèles, car il repose sur le principe de non-violence et de compassion. Par ailleurs, lorsque les moines vivent et se nourrissent de l'aumône, ils doivent manger de tout et ne pas gâcher ce qu'on leur donne. Cependant, quand on parle de cuisine bouddhiste (zhai cai 斋菜), il s'agit d'une cuisine végétarienne. Vous ne trouverez donc pas de chairs, ni viande ni poisson, mais beaucoup de légumes et de tofu. Certains courants du bouddhisme pratiquent même le végétalisme.
Une autre restriction alimentaire communément observée dans certaines écoles du bouddhisme : la non-consommation de légumes-racines, c'est à dire, les végétaux qui poussent et dont on va mettre fin à la vie en les arrachant (ail, oignons, pommes de terre, carottes...). Plus généralement, certaines plantes ou épices avec un goût et une odeur forte sont proscrits, car il est dit qu'ils excitent les sens. C'est le cas de de l'oignon, de l’échalote, de la coriandre, des poireaux... Ainsi, il n'y a pas d'ail dans la cuisine bouddhiste, et vous n'en trouverez pas dans les restaurants des monastères. Evidemment, il n'y a pas d'alcool non plus, et il est interdit d'en apporter.
Le restaurant du temple Wenshu 文殊院素餐厅 propose un buffet le midi, des hot-pot le soir, et il est également possible de commander à la carte. Nous avons pris le menu buffet, cela nous a coûté 35rmb chacun (dont une caution de 5rmb par personne qui est rendue à la fin). C'était bien, pas exceptionnel non plus, mais moi j'aime bien ce genre d'endroit. Sachez qu’il y a des plats vegan, mais tout n'est pas nécessairement vegan. Le restaurant est ouvert tous les jours de 10h30 à 19h30.
Ça fait des années que je vous dis que je vais faire un article sur le végétarisme en Chine, et je ne l'ai jamais fait (en vrai, je l'ai commencé, il est dans mes brouillons). Promis, je m'en occupe bientôt !
La fleur de lotus est une de mes fleurs préférées (j’en ai une tatouée sur le pied d’ailleurs). On la rencontre souvent en Asie, je la trouve magnifique, et si je vous en parle aujourd'hui c'est parce qu'il y en avait de beaux specimens au temple Wenshu. Elles étaient sublimes.
En Chine, on l’appelle lianhua 莲花. C’est une fleur pure, noble, élégante. Elle prend racine dans la boue et la vase, et s’élève au dessus de l'eau, vers le soleil. Elle est souvent décrite dans la poésie, et est souvent représentée dans la calligraphie et la peinture, à différentes étapes de sa floraison, pour symboliser les différentes phases de la vie.
La fleur de lotus est également liée au bouddhisme. Bouddha est souvent représenté sur une fleur de lotus, pour illustrer la légèreté du corps, et pour illustrer la légende selon laquelle des fleurs de lotus poussaient partout où il mettait les pieds. Dans l’art bouddhiste, la fleur de lotus symbolise l’éveil et l’illumination.
En Chine, et en Asie de manière générale, on mange aussi des racines de lotus, et c'est un mets très populaire ! On appelle ça lianou 莲藕 ou encore liancai 莲菜. D’ailleurs, si vous cherchez bien, on peut en voir un bout dans mon assiette végétarienne plus haut. J’aime beaucoup ça ! Par ailleurs, le ramassage des racines se fait en hiver (la floraison est en été), et le moins qu’on puisse dire c’est que c’est un travail laborieux et les conditions sont rudes ! Si vous voulez en savoir un peu plus, je vous invite à regarder ce court reportage (ici) de france tv.
Je vous laisse avec ces quelques photos de majestueuses fleurs de lotus.