11 Juin 2021
Nous voilà toujours à Dunhuang, pour la fin de ce voyage à travers le Gansu, et la fin de ce voyage à travers la Chine.
Pour remettre les choses dans leur contexte, ce voyage dans le Gansu s'inscrivait dans notre périple d'un mois et demi à travers la Chine. C'était notre voyage de fin d'expatriation en Chine, après 3 ans à Shenzhen ! Nous étions partis de Kunming pour finir à Dunhuang, et j'avais fait un bilan ici si ça vous intéresse. Quoi qu'il en soit, c'était la meilleure façon de clore ce chapitre en Chine. Ça m'a pris énormément de temps de faire le récit de ce long voyage et de vous parler de toutes ces contrées lointaines sur le blog, mais j'en arrive enfin à la fin, que c'est émouvant !
Pour revenir sur Dunhuang, Dunhuang est une ville du nord-ouest du Gansu. Elle est située à plus de 1000 km de Lanzhou, la capitale du Gansu, elle est donc plus proche de Tourfan (Xinjiang) que de Lanzhou ! Elle est située dans une oasis fertile, et entourée du désert de Gobi au nord et du Taklamakan à l'Ouest.
Dunhuang est devenue une ville chinoise sous la dynastie des Han et pendant l'expansion chinoise. Ensuite, après le déclin de la dynastie Han, elle est redevenue quasiment indépendante, pour finalement redevenir un territoire chinois au 5e siècle. C'était une ville très importante sur l'ancienne route de la soie. En effet, la route de la soie se séparait en plusieurs routes aux abords de Dunhuang, afin de contourner le bassin du Tarim. En bref, Dunhuang se situait à l'entrée de la Chine, et à une intersection de la route de la soie. C'était un véritable carrefour commercial, culturel et religieux. Je parlais de l'ancienne route de la soie ici si ça vous intéresse.
Aujourd'hui, Dunhuang est une ville touristique majeure de l'ouest de la Chine. Elle est connue pour les grottes bouddhiques Mogao (dont je vous parlais ici), ainsi que ses dunes de sable et son oasis en forme de croissant de lune (dont je parlais ici). Deux endroits qui valent le déplacement !
A Dunhuang, nous avons logé à l'auberge Right Here Hotel (Dunhuang International Hostel), et nous avons payé 561rmb (72€) pour deux et pour deux nuits. Attention, à Dunhuang (et dans le Gansu en général), il y a beaucoup d'hôtels qui n'acceptent pas les étrangers !
Shazhou 沙洲 est l'ancien nom de Dunhuang, que l'on peut traduire par "la préfecture du sable". C'est aujourd'hui le nom du marché qui se trouve au cœur de Dunhuang, sur la East Yangguan Road. C'est un marché très animé et très populaire, surtout le soir, et c'est un endroit très apprécié des touristes. Dunhuang n'est pas une grande ville moderne et cosmopolite, mais le marché de Shazhou semble être le coeur de la vie nocturne de Dunhuang. Spécialités locales, artisanat, souvenirs, soie, fruits secs, épices, et des dizaines de restaurants de rue, il y en a pour tout le monde !
Je dois avouer que je n'achète pas grand-chose sur les marchés en général. Je ne suis pas du tout une acheteuse de souvenirs. Et je préfère voyager léger. Mais je ne dis pas non à une petite bière en terrasse. Ou un jus de peau d'abricot dans une allée.
Oui, du jus de peau d'abricot ! Impossible de louper le 杏皮水 xingpi shui (apricot peel water). Tout le monde en boit dans le nord du Gansu, les enfants comme les adultes, et on en trouve partout ! Justement, je parlais de la nourriture du Gansu dans cet article.
Quel plaisir c'était de boire mon café le matin sur le toit de l'auberge et admirer la grandeur de la grande mosquée centrale ! Elle a été construite pendant la dynastie Ming et reconstruite en 1917, selon Wikipédia.
Il y a beaucoup de restaurants de nouilles et de cuisine Qingzhen 清真 (cuisine Halal des Hui, des Ouighours et des autres ethnies musulmanes de Chine) autour de la mosquée, et on y mange très bien !
J'en ai déjà parlé dans d'autres articles, notamment ici quand je vous parlais de Lanzhou et de ses mosquées, la population du Gansu est largement d'ethnie Han, mais il y a une forte présence de minorités ethniques (Hui, Mongoles, Kazakhs, Ouighours, Yugur, Tibétains...). L'Islam est aussi une des principales religions présentes au Gansu (je parlais de la Route de la Soie et des religions ici), et les musulmans représentent plus de 6% de la population du Gansu.
J'avais l'intention de voir plein d'autres choses autour de Dunhuang, notamment les portes de Yangguan 阳关 et Yumenguan 玉门关, les ruines de la grande muraille des Han, et le parc géologique de Yardang 雅丹国家地质公园, à quelques 180km de Dunhuang. Malheureusement, à force de "rester plus longtemps parce que j'aime bien ici" au cours des étapes précédentes, on a fini par empiéter sur notre séjour à Dunhuang. Ça devait arriver ! De ce fait, nous avons manqué de temps à la fin du voyage. C'est pas grave, ce sera pour une autre fois peut-être, et au moins on a eu le temps de voir les grottes Mogao et le désert à Mingshashan !
Ce voyage d'un mois et demi à travers les provinces du Yunnan, Sichuan, et Gansu a été un véritable rêve. Vraiment, à part un peu plus de temps, je n'aurais pas pu rêver mieux. Mais ces 6 semaines sont passées à une vitesse absolument incroyable ! J'ai à peine eu le temps de me rendre compte qu'on était en vadrouille au beau milieu de la Chine, qu'il était déjà temps de plier bagage.
Et quoi de mieux pour terminer ce voyage de fou ? Traverser le Gansu en train-couchettes pardi ! C'est qu'on en a parcouru des kilomètres en train et en bus pendant ce voyage de 6 semaines !
Adeptes des longs trajets, on a préféré prendre un train de nuit à Dunhuang, pour rejoindre Lanzhou qui se trouve à plus de 1000 km, pour ensuite pouvoir prendre notre vol pour Shenzhen, pour ensuite rejoindre HongKong en bateau. (Vous suivez?) Mais, attention, on n'a pas pris n'importe quel train de nuit. On a pris un train de nuit avec couchettes de luxe !
On avait donc un compartiment pour nous tous seul, deux couchettes hyper confortables, un toilette/lavabo privé, un petit fauteuil et une petite table avec une petite fleur pour le petit côté "far west romantique". Il y a aussi un thermo pour se servir en eau chaude dans le couloir, des prises électriques, une télé par couchette, bref c'est le grand luxe, et il y'a un côté vintage qui m'a beaucoup plu. J'ai passé quelques heures à regarder le paysage aride du Gansu défiler par la fenêtre, perdue dans mes pensées, et j'ai vu le soleil se coucher sur le désert. Et puis après, j'ai dormi comme un bébé sur la banquette du haut. Bref, c'était parfait pour finir ce road trip et traverser le Gansu.
Je ne sais plus exactement, mais le trajet Dunhuang-Lanzhou en train normal prend entre 10 et 15h. Personnellement, ça ne me dérange pas, surtout si c'est un train de nuit, et encore moins dans des conditions aussi confortables. Par contre, le trajet nous a coûté presque 800rmb chacun (en soft sleeper deluxe, 1600 rmb pour deux, environ 200€). C'est un budget considérable !
En Chine, il y a plusieurs sortes de trains, les trains à grande vitesse, et les trains normaux. Et ensuite il y a plusieurs catégories de sièges selon les trains: first class, business class, second class, hard seat, soft seat, hard sleeper, soft sleeper et deluxe soft sleeper. Je crois que je les ai toutes essayé. Les deluxe soft sleeper sont les plus luxueux, mais ils ne sont pas disponibles dans tous les trains. C'est aussi les plus chers, et je dirais que ça vaut le coup que si c'est un long trajet (plus de 10h).
Si vous voulez des informations sur les trains en chine et les différentes catégories, je vous invite à consulter cette page.
Durant mes voyages en Chine, j'ai eu l'occasion de prendre le train. Beaucoup de trains. Je ne sais pas si vous avez déjà pris les vieux trains verts en Chine, mais c'est quelque chose. Il fait chaud, il n'y a pas la clim. Dans le Gansu, je me souviens qu'il y avait de la poussière et du sable partout. Il y a des gens, beaucoup de gens, toutes sortes de gens en fait. Il y en a qui dorment par terre, d'autres qui s'assoient presque les uns sur les autres par manque de place. Des gens qui jouent aux cartes, des gens qui fument allongés par terre, des gens qui mangent des fangbian mian (nouilles instantanées) accroupis devant les toilettes, des gens qui crient, des gens qui crachent les coques des graines de tournesol sur le sol... C'est un monde à part, vraiment.
J'ai plein de souvenirs comme ça. En hard sleeper dans le Yunnan, en soft sleeper de nuit pour aller à Beijing... Un jour, je voyageais dans le Gansu en hard seat, et une dame du staff est venue dans notre wagon pour demander de l'aide. Je n'ai pas écouté ce qu'elle disait, j'avais le casque sur la tête et la musique dans les oreilles. Le train était bondé, y'avait des gens partout, et Antoine et moi étions, je pense, les seuls occidentaux du train. Mais on était séparés dans le train, Antoine était à l'autre bout du wagon, et j'étais seule. Je dois dire que je passe un peu plus inaperçue sans Antoine le grand blond. Bref. Le mec à côté de moi me tape sur la cuisse pour m'appeler. J'enlève mon casque et tourne la tête. Les gens me montrent du doigt et il me dit "vas l'aider, elle a besoin d'aide". Et la dame me dit "tu parles chinois? Tu peux m'aider à traduire? Il y a un passager qui est malade". Du coup, je me suis dit qu'il devait y avoir un autre passager étranger et elle a besoin de quelqu'un pour traduire en anglais. Ça tient debout. Donc j'ai traversé tout le train avec le personnel et un mec de la sécurité, les gens m'applaudissaient, standing ovation, tout ça, tout ça. Et puis, nous voilà face au fameux passager mystère.
Et il se trouve que ce n'était pas du tout un occidental, c'était quelqu'un d'ethnie Hui ou Ouighour, ou peut-être même Kazakh ou Turque, je ne sais pas. Je pense que c'était un Ouighour mais je n'ai pas bien compris donc je n'en suis pas certaine. Pour moi c'était logique qu'ils m'appellent pour traduire en anglais, je ne me suis donc pas posée de questions. En fait ils ont cru que j'étais de là-bas. Et sachez que c'est pas la première fois, on m'a déjà demandé plusieurs fois si je venais du Xinjiang. Bref, c'était un moment très étrange !
Voilà, c'est tout pour ces aventures à travers la Chine. Pour le moment, évidemment ! N'hésitez pas à consulter les articles des autres provinces que j'ai visité lors de ce voyage très spécial, le Gansu, le Sichuan, Chongqing, et le Yunnan. N'hésitez pas non plus à me suivre sur Instagram, je continuerai à partager quelques souvenirs de Chine, en attendant de repartir sur les routes avec mon sac à dos et mon appareil photo !
Je vous laisse avec ce cliché de Qian Haifeng, et je vous invite à lire cet article sur Sixthtone sur les vieux trains lents. C'est un beau reportage !
A très bientôt !